IA générative et jeu de rôle

Féru de jeu de rôle depuis des années, j’ai voulu initier quelques proches à ce passe-temps qui permet de booster la créativité en offrant un cadre intéressant aux interactions sociales. Etant le seul à connaître le jeu, j’ai du me remettre dans la peau d’un maître de jeu (MJ pour les intimes).

Seulement, préparer une séance de jeu de rôle, c’est un peu comme monter une pièce de théâtre sans savoir ce que les acteurs vont improviser sur scène. On peut y passer des heures : créer des personnages non-joueurs (PNJ pour les intimes), équilibrer les monstres, inventer des lieux, rédiger des aides de jeu…

L’IA, utilisée comme un assistant créatif en amont, m’a permis de gagner du temps et d’enrichir mes parties, tout en gardant la main sur l’histoire. Voici quelques exemples concrets.

Tirages des PNJ et des monstres

Il y a deux types de PNJ :

• Les principaux qui ont 99% de chances d’intervenir dans la partie
• Les secondaires qui ont moins de chances d’intervenir

Je n’aime pas restreindre mes joueurs en bornant l’univers. Je dois donc prévoir qu’ils attaquent les gardes et même le donneur de quête. Ca ne m’est jamais arrivé sans que je le veuille mais je préfère avoir une petite fiche au cas où.

Cela prend du temps et pour les personnages secondaire, ça peut être du temps perdu. Mais, en bornant correctement, l’IA générative peut créer des personnages crédibles avec des statistiques et un équipement de base.

C’est pareil pour les monstres. Le manuel des joueurs est peu riche en monstres et le manuel des monstres peut être très onéreux si les joueurs ne sont pas enthousiastes après la première aventure. L’IA pallie à cela en offrant la possibilité de générer des monstres crédibles. Attention quand même car plusieurs fois l’IA a pu me proposer des monstres prêts pour un TPK (Total Party Kill) ou décès de tous les joueurs. Comme dans les autres domaines, l’humain est là pour cadrer.

Créer un univers immersif

Trouver des noms crédibles et inspirants

Un autre avantage est la génération de noms. Quand on prépare une séance, il faut trouver des noms, beaucoup de noms, énormément de noms. Même en étant créatif, on manque forcément d’inspiration à un moment ou un autre.

En donnant des noms déjà existants, L’IA propose une liste de noms crédibles, poétiques ou exotiques, dans lesquels je pioche. Cela évite l’écueil des répétitions maladroites et donne un souffle de cohérence à l’univers. Si le MJ qui piochait tous ses noms dans le seigneur des anneaux lit ceci : « merci pour les parties de warhammer et si tu en fais toujours, Mistral et ChatGPT sont tes amis »…

Immersion narrative et dynamiques de factions

Vous en avez marre de l’univers de Greyhawk et vous voulez étoffer votre propre univers. L’IA peut vous y aider. J’ai un esprit très fécond et mes connaissances en cartographie sont suffisantes pour arriver à créer des régions crédibles. Si c’est votre cas aussi, l’IA pourra vous y aider.

Au-delà des noms, l’IA est très utile pour enrichir l’univers de descriptions prêtes à jouer : paysages, ambiances, traditions locales… J’ai utilisé cette méthode pour développer l’univers de Ziven avec des textes immersifs qui donnent de la profondeur au monde.

Comme tout le temps, plus on donne de matière à l’IA, plus le résultat est proche de ce qu’on attend. Elle ne crée pas l’univers mais brode autour de ce qu’on lui fournit. Il ne faut pas perdre de vue que c’est une IA générative. Pour l’instant, elle n’a d’intelligence que le nom.

Supports pratiques pour les joueurs

L’IA m’aide aussi à produire des fiches récapitulatives : PNJ rencontrés, objets trouvés, rumeurs entendues. Au lieu de passer des heures à les rédiger, je génère des résumés clairs avant la partie, que je peux ensuite distribuer aux joueurs. Cela évite de s’y perdre et permet à tout le monde de rester concentré sur l’histoire.

De même, je lui fais faire des fiches de perso spécial combat. Toute l’information majeure : armes, armures, sorts… est sur une petite fiche qui permet de fluidifier les combats.

Créer une partie rapide

Un jour, lors d’un week-end entre amis, j’ai proposé une mini-quête inspirée de D&D 5. Nous étions sept autour de la table : moi comme MJ et six joueurs, dont plusieurs enfants. Comme beaucoup étaient néophytes, je voulais éviter la lourdeur des tirages de personnages et fournir des fiches suffisamment simples pour être comprises par des enfants.

Grâce à l’IA, j’ai pu générer des fiches de persos prêtes à l’emploi : claires, courtes, avec plus d’histoire que de chiffres. J’ai pu également créer une histoire rapide que l’IA m’a aidé à broder. Le temps de préparation m’a permis de mettre en place une partie que je n’aurais sans doute jamais faite si j’avais dû tout faire tout seuls.

Deux adultes joueurs, expérimentés, étaient présents pour canaliser l’énergie débordante des enfants. Résultat : la partie a été fluide et vivante. Les enfants se sont approprié leurs héros sans se perdre dans des règles trop complexes, et les adultes ont pu savourer l’expérience sans passer deux heures à expliquer les mécaniques.

Conclusion

Comme pour l’écriture, l’IA ne remplacera jamais l’imagination d’un maître de jeu ni l’énergie d’une table, mais elle m’offre un vrai coup de pouce dans la préparation. Elle permet de gagner du temps sur les tâches fastidieuses (PNJ secondaires, noms, fiches), de donner plus de cohérence et de profondeur à mes univers, et surtout d’oser lancer des parties que je n’aurais peut-être jamais préparées autrement.

En fin de compte, l’IA reste un outil : elle brode autour de ce qu’on lui donne, mais c’est toujours au MJ de trier, d’adapter et de mettre en scène. Et c’est tant mieux ! Le jeu de rôle est un ensemble d’interactions humaines. Le rôle d’un MJ est de s’adapter aux situations, gérer les personnalités des joueurs aussi. L’IA n’en est pas capable, pas encore.

La preuve ? J’ai voulu utiliser ChatGPT pour me servir de maître de jeu sur une partie solo. Force est de constater que la création ex-nihilo n’est pas forcément son truc.